Une entrée dans le monde de la chanson en 1997, des premières
parties d’Henri TACHAN, Michel Fugain et Gilbert LAFFAILLE, plusieurs passages
remarqués au théâtre du Tourtour grâce à
son directeur Jean Favre et une prestation convaincante aux découvertes
du Printemps de Bourges ont logiquement débouché sur la sortie
en 1995 d’un disque compact de Patrick Ferrer intitulé « 56
rue Galilée ».
Cet orléanais d’adoption a choisi le difficile
créneau de l’humour funambulant entre absurde et imaginaire. Drôle,
tendre, parfois douloureusement ironique, Patrick FERRER jongle avec vocabulaire
et sons avec une fraîcheur et une sensibilité qui tente en
vain de se dissimuler sous la dérision (« Les mots / Qui
nous enchaînent et nous délivrent / Les mots si doux à
entendre / Comme une musique pour le silence / Qui nous déchaînent,
qui nous enivrent »).
Quand il n’interprète pas ses propres textes,
Patrick FERRER s’est fait un mail plaisir à mettre à son
répertoire quelques pièces rares choisies avec un discernement
qui ne trompe pas sur ses aspirations profondes. M. ELSKAMP qui nous brosse
la vie d’un couple orientale (« C’est monsieur YING qui vend du
thé / Et madame YANG, elle vend d’l’amour! »), FRANC-NOHAIN
qui s’interroge (« Papa, papa que vous en semble / Les caissières
ont-elles des jambes ? »), R. TARRIER qui réalise un curieux
détournement de « petit papa noël » (« Sur
ma crèche il y a des scellés »), J.L. MOREAU qui
nous narre les épousailles d’une puce et d’un pou, F. OURY qui combine
« un œil de verre » avec cinq autres images dans des
associations surréalistes surprenantes et surtout deux inédits
de Roger RIFFARD qui, dans son style si particulier, s’étend sur
l’impossible fortune d’un « observateur de nénuphars /
au clair de lune » et sur les nuages « blancs, roses
ou bleus » témoins aériens de la vie sur terre.
Accompagné par Vincent VIALA au piano et par
Pascal TURBET à l’accordéon, la voix agréable de Patrick
FERRER - tantôt sérieuse, tantôt mutine - cisèle
les mots avec légèreté et entrain.
Un premier CD qui sans hésitation mérite
une halte pour « que la fête commence / 56, rue Galilée
».
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